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Focus sur la rechute

11/01/2024
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Malgré des progrès considérables dans le traitement du cancer au cours des dernières décennies, la rechute (ou récidive) constitue toujours un défi dans la prise en charge du cancer.
Recherche à l'Institut Curie

La maladie résiduelle

Le risque de rechute varie d’un cancer à l’autre et d’un patient à l’autre. Il dépend d'un grand nombre de paramètres et peut être bien déterminé ou plus difficile à prévoir. Cependant, la rechute d'un cancer, qu’elle soit locale ou à distance du site initial (on pare alors de rechute métastatique), est toujours liée à la maladie résiduelle, c'est à dire aux cellules tumorales qui persistent après les traitements, sur le site tumoral ou à distance, sans que l'on soit en mesure de les détecter avec les techniques de diagnostic actuelles.

Mieux comprendre ces cellules, pourquoi elles persistent, pourquoi certaines migrent dans d'autres parties du corps et et les mécanismes à l’origine de la reprise de leur multiplication à un temps donné, est essentiel pour pouvoir éradiquer définitivement la maladie. Mieux ajuster les traitements pour réduire le risque de rechute, améliorer les techniques diagnostiques et la prise en charge de la maladie lorsqu’elle réapparait sont des enjeux majeurs de la cancérologie.

Notre stratégie: une étude multifocale de la rechute

Face à ces défis, les équipes multidisciplinaires du SIRIC Curie développent 3 programmes de recherche intégrés à 3 niveaux: de la cellule, à la tumeur dans son microenvironnement jusqu'au patient dans sa globalité :

  1. Au niveau cellulaire : étude des mécanismes intrinsèques de récidive

Programme coordonné par Céline Vallot et Yves Allory

Sachant que les aspects génétiques de la rechute ont été le point focal de la recherche de ces dernières années, nous avons souhaité centrer notre 1er programme sur les déterminants non génétiques de la rechute. Pour cela nous étudions l’épigénome et le transcriptome, mais aussi la transcription en ciblant les mécanismes d’épissage alternatif et les modifications de l’ARN, la traduction ou le métabolisme cellulaire.

  1. Au niveau tissulaire : étude des mécanismes extrinsèques de récidive

Programme coordonné par Hélène Salmon et Manuel Rodrigues

Le programme 2 vise à comprendre le dialogue entre la tumeur et son microenvironnement. Nous caractérisons ces niches tumorales pour des pathologies difficiles à traiter ou jusque-là peu étudiées. Pour des pathologies plus communes, nous étudions le dialogue cellulaire et moléculaire au sein du microenvironnement tumoral, avec une attention particulière aux fibroblastes associés au cancer, au système immunitaire mais aussi au microbiote ou au vésicules extra cellulaires. Nous étudions la dynamique de réponse au traitement de ces niches afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs et de nouvelles cibles thérapeutiques.

  1. Au niveau corps entier : prédiction, détection et traitement

Programme coordonné par Elisabetta Marangoni et François Clément Bidard

Le programme 3 repose principalement sur le développement de modèles précliniques pertinents (in vivo et in vitro) mais aussi sur l’implémentation de biomarqueurs dans des échantillons tumoraux et la validation de nouvelles approches d’immunothérapies basées sur la découverte de néo épitopes spécifiques de cancers. Il s'intéresse également à la prédiction et à la prévention des rechutes mais aussi à la qualité de vie des patients face à la rechute.

Notre force : une approche intégrée multi expertises

La force de ce programme réside dans la multidisciplinarité des équipes de cliniciens et de chercheurs. Leurs expertises s’étendent des aspects les plus fondamentaux (biologie mais aussi mathématique, physique, chimie …) aux plus appliqués (recherche clinique, qualité de vie, intelligence artificielle …). sur le modèle du continuum soin-recherche cher à Marie Curie. Les deux 1ers programmes sont intimement liés, du fait de l’interconnexion entre les cellules cancéreuses et leur microenvironnement. Ils partagent les même technologies (cellules uniques ou spatiales) et utilisent des algorithmes d’analyse communs. Le 3ème programme aborde des aspects plus cliniques. L’implication de représentants de patients au cœur même de cette équipe nous permet de développer ces 3 programmes au plus près des besoins des patients et de leurs proches.

Ce projet est en adéquation avec la stratégie de lutte contre le cancer portée par l’Institut National du Cancer (INCa) pour 2021-2030. Les impacts attendus concernent notamment l’amélioration de la prévention de la rechute, une meilleure prise en compte du pronostique des tumeurs, de nouvelles approches thérapeutiques, une diminution des séquelles liées aux traitements et des progrès en termes de qualité de vie.